L'Avant-dernière demeure
Résumé
Un stylo, une pipe en écume de mer, un vieux téléviseur, le vaporisateur de sa femme, quelques tableaux, un parapluie… témoins privilégiés, les objets familiers d’Alfred Ziegler retracent le récit de sa vie.
De sa vie d’avant, dans un quartier populaire d’Alger, avec Mahmoud Abdesselam, son meilleur ami. Une existence où se sont succédé bonheurs intenses et peines immenses.
De sa vie d’après, aussi, quelque part en France, face à l’océan. Celle d’un homme métamorphosé qui a été jusqu’à troquer son métier d’architecte contre une carrière d’éditorialiste.
Seulement voilà. Depuis quelques jours, Alfred a quitté sa maison au bras d’une inconnue, et nul n’a plus entendu parler de lui. Restés seuls dans la vaste demeure désormais silencieuse, les objets sont terriblement inquiets. Surtout lorsqu’ils découvrent la vérité…
Les lecteurs et la presse en parlent
Zoé, Gertrude, Rosalie, Germaine, Cornélius, Mitsou, Cédric, Gontran , Oscar, Cornélius, Firmin, Albert, Zita… Mais qui sont tous ces personnages ? Non, il ne s’agit pas de personnages à proprement parler, mais des objets familiers du Professeur Alfred Ziegler, principal protagoniste du livre.
Et ces objets, son stylo plume, sa pipe en écume de mer, sa montre-gousset, son stylo plume, le fume-cigarette, la paire de jumelles de théâtre, le marque-page en ivoire, le téléviseur, le tableau… deviennent les narrateurs objectifs du roman et nous relatent, chacun de son point de vue, la vie du Professeur, celle passée dans un quartier d’Alger, et celle de sa vie ensuite, en France, face à l’océan.
Mais voici que le Professeur Alfred Ziegler quitte sa maison au bras d’une inconnue, et les différents objets, restés seuls, s’inquiètent de sa disparition.
Au-delà du suspense et de l’intrigue, fil conducteur du roman, « l’Avant-dernière demeure » relate les ravages humains causés par les guerres (la guerre d’Algérie, bien sûr, mais les deux guerres mondiales aussi). Pour l’auteur, un homme, même dévasté, peut surmonter les épreuves. Même à terre, celui qu’on croyait à l’agonie, définitivement anéanti, se relève et trouve la force d’atteindre son lieu de quiétude, celui qui le mettra à l’abri de toutes les douleurs endurées.
« L’avant-dernière demeure » est un choix de paix dans un monde qui voudrait séparer les hommes, provoquer la haine en semant la mort. En réaction à tous ceux qui voudraient séparer les gens, séparer les communautés amies, saccager le bien-être des temps de paix, l’auteur a un parti-pris délibéré de douceur statique et de quiétude, et ni la guerre, ni les morts collatéraux n’auront la capacité de briser ce qui était solide et sincère.
Face à la mer, Alfred et Mahmoud connaissent, eux, le vrai pris de l’amitié. Celle que la guerre n’a pas abîmée, celle que rien ne peut détruire.
Telle est la leçon de sagesse donnée par Alain Seyfried dans ce très beau roman.
Voici l’histoire d’Alfred, un jeune homme d’une centaine d’années, vue à travers les différents objets de sa vie quotidienne.
En effet, le narrateur principal du récit se trouve être son stylo fétiche qui le suit à travers les décennies… Oh, il n’y pas que lui bien sûr… On peut citer un téléviseur, un parapluie, un chat en porcelaine, une pipe ou encore un marque-page en ivoire, une montre gousset…Tous ses objets, et bien d’autres, nous racontent tour à tour l’attachement qu’ils ont eu à leur cher Professeur…
Avec des thèmes riches et variés, comme l’empressement de se dédouaner des générations vieillissantes, car comme le dirait Maître Judoko (chroniqueur incroyable que je vous laisse découvrir), ils n’apportent plus rien à la société active…
La guerre d’Algérie ou comment gérer le fait d’être chez soi et de devoir partir et laisser les gens et la terre que l’on aime car le pays conquis ne cherche qu’à se libérer de ses colonisateurs…
Et surtout, la valeur des objets… Avec notre société de consommation actuelle, un stylo, une montre, un chat en porcelaine se cassent ? Pas grave, on jette et on rachète…
Alors certains objets deviennent vieux et sont remplacés par les nouvelles technologies mais la montre de l’arrière grand père ou le stylo de la grand mère ne seront plus là pour témoigner à nos futures générations, car nous voulons toujours aller plus vite et ne regardons plus ce qui se trouve derrière…
Je suis désolé mon cher Alain Seyfried de ne vous découvrir que maintenant, mais quel plaisir j’ai eu de vous lire et de vous suivre dans cette histoire… Vous avez une approche de l’écriture qui me passionne et j’ai hâte de lire vos autres romans…
Jean de La Fontaine faisait parler des animaux à son époque pour critiquer la société dans laquelle il vivait, voici Alain Seyfried qui, grâce à nos objets, veut nous faire comprendre l’importance des générations et la possibilité qu’à l’Homme, de pouvoir vivre en paix et longtemps à condition de se poser moins de questions sur les autres et d’agir avec son cœur…
Un sublime conte, avec un regard juste sur notre société, et une poésie qui m’a enchantée, que je ne peux que vous conseiller si vous aimez la vraie littérature…
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